LES SANTONS DE PROVENCE ET LEUR HISTOIRE
Les santons sont ces petits personnages que l’on met dans les crèches pour les fêtes de Noël. Ils perpétuent les traditions provençales, la vie des hommes et de leur famille.
Ils sont les témoins intemporels de la chrétienté et de la résistance du peuple de Marseille aux interdictions de la révolution française. Ils sont aussi une reproduction de la nativité, des vieux métiers et des personnages traditionnels des pastorales.
Les Provençaux se les transmettent de génération en génération et chacun y ajoute les personnages nouveaux créés par les santonniers de son époque.
A la mi-décembre, on les sort des cartons dans lesquels ils ont dormis toute l’année, enrobés délicatement dans des feuilles de papiers. Pendant plus d’un mois ils seront dans la crèche, qui reproduit un vieux village au moment de la nativité, où l’on retrouve les traditions et l’histoire populaire de la Provence.

L’histoire du santon de Provence
Les représentations de la naissance du Christ se multiplièrent à partir du IV ème siècle, surtout dans les livres religieux. On a également retrouvé une description de la crèche sur un bas relief d’un sarcophage du IVème siècle conservé dans un musée à Rome, ainsi qu’une représentation de la nativité sur des couvercles de sarcophages paléochrétiens en Arles.
La fête de Noël a été décidée en 354 par le pape Liberius dans le but de remplacer la fête païenne qui entourait le solstice d’hiver.
Dès le XIIème siècle, on trouve de nombreuses représentations sculptées de la nativité, mais aussi de l’âne, du bœuf, des rois-mages. Un capucin sculpteur marseillais, copie les personnages de la crèche de son couvent en petite dimension pour le peuple.
La première mise en scène d’une crèche vivante avec des personnages et animaux, fut créée en 1223 par saint François d’Assise (dont la mère était originaire de Tarascon), lors d’une messe de minuit à Gréccio dans la forêt des Abruzzes en Italie. Bien que cette pratique ne fut guère appréciée du souverain pontife Honorius III, elle se répandit dans toute l’Italie et surtout dans la région napolitaine où saint François d’assise séjourna.
Le santon est donc probablement d’origine napolitaine, et c’est d’ailleurs dans cette région que l’on peut admirer les plus belles crèches.
Dès la fin du XIII ème siècle, les moines franciscains introduisent la crèche en Provence.
Au XVIIIe siècle, la révolution interdit la Messe de Minuit et les crèches d’église. Les Marseillais restés très fidèles à leurs crèches, créèrent des « crèches publiques », réalisées par des particuliers qui les faisaient visiter. L’usage se développa alors de monter une crèche dans chaque foyer.
Une petite industrie se mit à fabriquer tous les personnages de la crèche.
En 1798, Louis Lagnel (qui vécut à Marseille de 1764 à1822), conçut les premiers moules en plâtre pour fabriquer ses santons. Cette nouveauté technologique permit une production de masse et une plus grande diffusion. Ces « santons d’un sou » permettaient enfin à chacun de posséder sa propre crèche.
Le véritable essor des santons commença au XIX siècle avec l’apparition des premiers maîtres santonniers de Provence. Les personnages d’argile qu’ils créaient étaient empruntés à la vie quotidienne et aux métiers de la rue.
Marseille, devenue capitale santonnière se mit à organiser des foires devenues annuelles. Parmi les principales étapes, on notera :
– en 1803, la 1ère Foire de Noël aux Santons et aux Crèches, se déroula sur le cours Belsunce,
– en 1808 la première vente de santons sur le cours Saint-Louis,
– en 1853, la foire se tient boulevard du Muy,
– en 1883, elle s’installe aux allées Meilhan,
– depuis 1897, la foire est devenue annuelle,
De nos jours elle se tient en décembre, sur la Canebière. La 200ème édition a été fêtée en 2003.

 

 

Les personnages de la crèche
A l’origine, La crèche familiale se limitait aux personnages de la Nativité : Marie, Joseph, l’Enfant Jésus et les rois mages.
Les santonniers de Provence s’inspirèrent des vieux métiers traditionnels, du petit peuple de Marseille et des personnages de la Pastorale, pour fabriquer leurs santons. Mais chaque santonnier a créé ses personnages avec des détails et des postures qui font sa « marque de fabrique ».
L’ange, c’est le messager de la naissance. Le plus populaire est l’ange Boufareu, celui qui souffle, tient une trompette et guide la population vers l’étable. Il peut s’agir aussi d’un ange debout.
La Vierge, elle est assise ou à genoux. Elle contemple l’enfantoun (Jésus).
Joseph, vêtu d’une robe de bure est à genou.
L’enfant Jésus est couché sur la paille et vêtu d’un simple lange.
L’aveugle, issu de la Pastorale Maurel, élégamment vêtu. Il s’appuie sur l’épaule de son fils et recouvre la vue devant l’étable de Jésus.

Bartoumieu, est personnage sympathique et comique de la Pastorale. Il affiche un air bonhomme à l’allure négligée.

La Bohémienne tient un enfant dans les bras
Le Ravi est un personnage à l’air naïf reconnaissable entre tous avec les bras levés au ciel en apprenant la naissance.
Le berger, un des premiers santons. Il peut être jeune ou vieux, à genou ou couché ou encore accompagné d’un mouton.
Les animaux comme l’âne et le bœuf autour de Jésus, mais aussi les moutons donnent le ton à la scène pastorale.
Les rois mages, son somptueusement vêtus. Melchior est le roi maure avec un turban sur la tête et un ciboire dans les mains. Balthazar appelé le roi blanc, a une cape violette brodée d’or. Gaspard est le roi à genou qui porte un coffret de pièces d’or.
Les autres :
Les femmes : La Comtadine, la femme à la bassinoire, la femme au savon, la marchande de rubans, la femme aux limaçons, la femme à la lavande, la marchande de citrons, la fileuse, la laitière, la marchande de fougasses …
Les hommes : L’homme à la cruche, le tonnelier, le bourrelier, le gitan à la guitare, le marchand de marron, le vitrier, le rémouleur (aiguiseur), le chasseur, le curé, le tambourinaire, le pescadou (pêcheur), le pèlerin …
On retrouve également St François d’Assise, avec sa robe de bure. Il est le saint patron des santonniers.

 

 

Comptine sur les santons de Provence
Les petits santons
Dans une boîte en carton,
Sommeillent les petits santons.
Le berger, le rémouleur
Et l’enfant Jésus Rédempteur.
Le Ravi qui le vit est toujours ravi.
Les moutons, en coton
Sont serrés au fond
Un soir, alors,
Paraît l’étoile d’or
Et tous les petits santons
Quittent la boîte de carton.
Naïvement, dévotement,
Ils vont à Dieu porter leurs vœux
Et leur chant, est touchant
Noël, joyeux Noël,
Noël joyeux de la Provence.
Le berger comme autrefois
Montre le chemin aux trois rois.
Et ces rois ont pour suivants,
Des chameaux chargés de présents.
Leurs manteaux sont très beaux
Dorés au pinceau.
Et ils ont le menton
Noirci au charbon.De bon matin,
J’ai vu passer leur train
Ils traînaient leurs pauvres pieds
Sur les gros rochers de papier.
Naïvement, dévotement,
Ils vont à Dieu porter leurs vœux
Et leur chant, est touchant
Noël, joyeux Noël,
Noël joyeux de la Provence.
Dans l’étable de bois blanc,
Il est là le divin enfant.
Et leur chant, est touchant
Entre le bœuf au poil roux
Et le petit âne à l’œil doux.
Et l’enfant vagissant
Murmure en dormant.
« Les jaloux, sont des fous,
Humains aimez-vous. »
Mais au matin,
Joyeux Noël prend fin
Et tous les petits santons
Regagnent la boîte en carton.
Naïvement, dévotement,
Ils dormiront dans du coton,
En rêvant, de doux chants.
Noël, joyeux Noël
Noël joyeux de la Provence.

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